Un monde à part

"Un monde à part" est un témoignage. Mais il est aussi de la littérature. A. Camus dans un raccourci saisissant affirmait que le livre devait être lu “autant pour ce qu’il est que pour ce qu’il dit”.
Ce qu’il dit c’est l’expérience terrible des victimes de prisons et de camps de travail soviétiques, ce qu’il est c’est une œuvre littéraire parfaitement maîtrisée qui porte l’empreinte d’un écrivain véritable.
Condamné, en 1939, à cinq ans de travaux forcés, Gustaw Herling passe deux ans dans le camp de Yertsevo qui fait partie de l’ensemble concentrationnaire de Kargopol sur la mer Blanche (30 000 prisonniers). L’auteur consacre toute son intelligence, tous ses dons d’observation, toute sa sensibilité, à dresser une “anatomie” de l’univers concentrationnaire soviétique (le travail, l’hôpital, la faim, la sexualité, le temps libre, etc.). "Un monde à part" appartient à ces livres rarissimes qui suscitent chez certains lecteurs un attachement “extra-littéraire” et dont le titre fonctionne entre des gens de générations différentes à la façon d’un mot de passe ou d’un signe de ralliement.
Publié pour la première fois en traduction anglaise en 1951 avec une préface de Bertrand Russell, la parution de ce livre en français constitue un événement.
Gustaw Herling-Grudziński, né en 1919 près de Kielce (Pologne), a fait des études de littérature à Varsovie. Très jeune il a publié des articles remarqués sur l’œuvre de Witold Gombrowicz. Après le partage de la Pologne et l’occupation nazie-soviétique, en 1939, Herling essaie de rejoindre l’armée polonaise en France. Arrêté par la police politique stalinienne, il passa deux ans dans un camp soviétique, expérience qui constitue la matière d’"Un monde à part". Gustaw Herling vit actuellement en Italie. Il collabore à la direction de la revue "Kultura", principale revue politique et littéraire de l’émigration polonaise.